« O rage ! ô désespoir ! ô Perruque m'amie !
« N'as-tu donc tant duré que pour cette infamie ?
« N'as-tu trompé l'espoir de tant de perruquiers
« Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers
?
« Nouvelle pension fatale à ma calotte !
« Précipice élevé qui te jette en la crotte !
« Crüel ressouvenir de tes honneurs passez,
« Services de vingt-ans en un jour effacez !
« Faut-il de ton vieux poil voir triompher la Serre
?
« Ou te mettre crottée, ou te laisser à terre ?
« La Serre, sois d'un roi maintenant regalé,
« Ce haut rang n'admet pas un Poëte pelé ;
« Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne,
« Malgré mes masles vers m'en a sçeu rendre indigne.
« Et toi de mes travaux glorieux instrument,
« Mais d'un esprit de glace inutile ornement,
« Plume jadis vantée, et qui dans cette offense
« M'as servi de parade et non pas de défense,
« Va, quitte désormais le dernier des humains,
« Passe pour me vanger en de meilleures mains.
« Si Cassaigne a du cœur, et s'il est mon ouvrage,
« Voici l'occasion de montrer son courage ;
« Son esprit est le mien, et le mortel affront
« Qui tombe sur mon chef rejaillit sur son front.
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