Corneille

 

 

 

 

Corneille (1606-1684) pastiché par Racine, Boileau et Furetière, Chapelain décoiffé (1664)

 

« O rage ! ô désespoir ! ô Perruque m'amie !

« N'as-tu donc tant duré que pour cette infamie ?

« N'as-tu trompé l'espoir de tant de perruquiers

« Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?

« Nouvelle pension fatale à ma calotte !

« Précipice élevé qui te jette en la crotte !

« Crüel ressouvenir de tes honneurs passez,

« Services de vingt-ans en un jour effacez !

« Faut-il de ton vieux poil voir triompher la Serre ?

« Ou te mettre crottée, ou te laisser à terre ?

« La Serre, sois d'un roi maintenant regalé,

« Ce haut rang n'admet pas un Poëte pelé ;

« Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne,

« Malgré mes masles vers m'en a sçeu rendre indigne.

« Et toi de mes travaux glorieux instrument,

« Mais d'un esprit de glace inutile ornement,

« Plume jadis vantée, et qui dans cette offense

« M'as servi de parade et non pas de défense,

« Va, quitte désormais le dernier des humains,

« Passe pour me vanger en de meilleures mains.

« Si Cassaigne a du cœur, et s'il est mon ouvrage,

« Voici l'occasion de montrer son courage ;

« Son esprit est le mien, et le mortel affront

« Qui tombe sur mon chef rejaillit sur son front. »

 

 

Copyright (c) 2003 Stéphane Tufféry. Tous droits réservés.