Extrait de l'introduction du Style
mode d'emploi :
« Paris, un jour d’été. Dans un autobus de la ligne
84 monte un jeune homme avec un long cou et un curieux
chapeau. Il se fait bousculer par un voyageur, contre
lequel il s’emporte, avant d’abandonner la dispute et
de se rendre à la gare Saint-Lazare, où il a rendez-vous
avec un ami avec lequel il discutera du bouton supérieur
de son manteau. Une histoire qui serait banale si elle
n’était observée par les yeux de La Fontaine, Balzac,
Flaubert, Hugo, Proust, Rostand, Camus, Queneau, Perec,
Duras, Arlette L., un journaliste, un publicitaire,
un rappeur, un cinéaste, une personne politiquement
correcte, un informaticien, un oulipien… au total quatre-vingt-dix-neuf
témoins qui, cinquante ans après Raymond Queneau dans
ses Exercices de style, nous racontent l’épisode
chacun à sa manière, chacun dans son style propre.
Ce petit livre est donc un hommage à Raymond Queneau
et à ses Exercices de style, dont il reprend
le fameux thème du jeune homme dans l’autobus, pour
l'agrémenter de quatre-vingt-dix-neuf nouvelles variations,
accommodant toutes ce thème d'une façon chaque fois
différente, en pastichant des écrivains célèbres, des
dialectes actuels, et en illustrant les principales
figures de rhétorique (oxymore, métonymie, zeugma…)
et quelques règles de grammaire (lire par exemple «
Logo-rallye grammatical »).
On voit que ce livre est aussi un hommage à la langue
française et à ses auteurs. Son but, en mêlant humour
et didactique, est d’instruire le lecteur tout en le
distrayant. Celui qui aura déjà lu les Exercices
de style de Queneau ne tardera sans doute pas à
penser qu’il est possible de raconter la même histoire
de 999 façons différentes.
À la différence d’une simple suite des Exercices
de style, dans laquelle nous nous serions contentés
de mettre l’original au goût du jour en employant des
dialectes inconnus du vivant de Queneau (chébran, rap,
politiquement correct, informaticien…), ou d’autres
figures de style ou jeux de mots que les siens, nous
avons abordé des thèmes non explorés par Raymond Queneau,
comme celui du pastiche littéraire.
Comme tout hommage à Raymond Queneau, cet ouvrage
ne pouvait pas ne pas faire allusion à quelques éléments
de l’œuvre de Queneau et de ses affinités éclectiques,
comme on s’en rendra compte dans « Échiquéen », « Physicien
», « Chimiste », « Passionnément (incorrect) » et «
Zazou dans le bus » (pastiche dans le pastiche), ainsi
que dans les textes inspirés par l’Ouvroir de Littérature
Potentielle, l’ « Oulipo » fondé en 1960 par Queneau
et Le Lionnais, que sont « Pangrammes », « Holorime
» et « De même en enlève le vent ». »
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